La dernière nouveauté dans le domaine des jeux stratégiques au tour par tour, "Ara: History Untold", s'inscrit dans la lignée des prétendants au trône jadis occupé par le légendaire Civilization de Sid Meier. Bien que compétent dans de nombreux aspects, ce titre n'offre pas une expérience de jeu parfaitement lissée, laissant entrevoir des lacunes qui entravent son plein potentiel.
Une Aventure Visuelle Captivante
Dès les premières minutes de jeu, les joueurs sont immergés dans un monde d'une richesse visuelle saisissante. Chaque recoin de la carte, des hameaux animés aux troupeaux d'animaux sauvages, fourmille de vie grâce à des animations soignées. Cette attention aux détails confère une authenticité remarquable, amplifiant l'impression d'explorer un véritable monde miniature.
Les développeurs ont su tirer parti des capacités de rendu modernes pour créer des environnements d'une échelle réduite, mais d'une profondeur saisissante. Contempler l'évolution de ses cités, des modestes villages aux métropoles prospères, devient un véritable plaisir pour les yeux.
Un Bémol Technique
Cependant, cette opulence visuelle n'est pas exempte de compromis techniques. Lors des phases avancées du jeu, notamment sur les plus grandes cartes, les performances peuvent se dégrader sensiblement, même sur des configurations haut de gamme. Ce ralentissement, bien que rarement critique, entache légèrement l'expérience globale.
De plus, certains aspects de la conception laissent à désirer. Le tracé automatique des routes, par exemple, produit parfois des motifs peu naturels, avec des angles saillants qui jurent avec l'esthétique organique du reste de l'environnement.
Une Diversité Culturelle Limitée
Bien que proposant un éventail de dirigeants historiques allant des figures emblématiques comme César ou Shaka Zulu à des choix plus inattendus comme Copernic pour la Pologne, "Ara: History Untold" peine à insuffler une véritable diversité culturelle à son gameplay.
Les bonus liés aux dirigeants restent largement cosmétiques, n'offrant aucune réelle distinction en termes de gameplay. De même, l'absence d'unités uniques propres à chaque civilisation contribue à homogénéiser l'expérience, indépendamment du choix initial.
Un Système de Traits Sous-Exploité
Le système de traits de personnalité opposés, censé influencer les relations diplomatiques au début de la partie, s'avère décevant dans sa mise en œuvre. Son impact reste négligeable, et certains traits n'apportent que des malus sans aucun avantage compensatoire, remettant en cause l'équilibre global.
Une Économie Complexe, mais Ardue à Gérer
L'une des innovations les plus intéressantes d'Ara réside dans son système économique basé sur la production et la transformation de biens. Du grain à la farine, en passant par le pain et les plats raffinés, chaque ressource peut être affinée pour débloquer de nouvelles possibilités.
Cette approche apporte une dimension stratégique appréciable, incitant les joueurs à planifier soigneusement leur chaîne de production pour répondre aux besoins grandissants de leurs cités. Cependant, cette mécanique devient rapidement un casse-tête logistique dès que le nombre de villes augmente.
Un Manque d'Outils de Gestion
Malgré la richesse de ce système économique, les outils de gestion restent rudimentaires. Aucune notification n'alerte les joueurs lorsqu'un emplacement d'amélioration est disponible ou lorsqu'une nouvelle technologie débloque de meilleures options de production.
De plus, le suivi de l'économie s'avère fastidieux. Le récapitulatif des ressources produites et consommées, bien qu'utile, manque de clarté et de fonctionnalités de tri essentielles pour une bonne visibilité.
Un Combat Visuel mais Limité
Si les batailles se déroulent dans un environnement en 3D animé, offrant un spectacle visuel appréciable lors des premiers affrontements, leur intérêt s'émousse rapidement en raison du manque de dynamisme des animations.
Le système de combat reste relativement simple, reposant principalement sur des choix d'unités selon un schéma de contre efficace classique. Les formations débloquables apportent un peu de profondeur tactique, mais sans réinventer véritablement la formule.
Une Mécanique d'Élimination Discutable
Ara introduit une mécanique d'élimination des civilisations les moins performantes à certains stades clés du jeu. Bien que cette fonctionnalité puisse être désactivée pour les joueurs humains, son intérêt reste discutable.
Plutôt que de simplifier les dernières ères en réduisant le nombre d'adversaires, cette mécanique prive le jeu d'une partie de sa complexité diplomatique en faisant disparaître brutalement des cités prospères, ce qui peut sembler dérangeant d'un point de vue narratif.
Une Diplomatie Rudimentaire
Malheureusement, le volet diplomatique d'Ara reste extrêmement basique, se limitant aux fonctionnalités standards telles que les déclarations de guerre, les alliances et les accords commerciaux.
Si le commerce peut s'avérer utile en début de partie pour acquérir des ressources manquantes, son impact s'estompe rapidement par la suite, les capacités de transport devenant insuffisantes pour combler les déficits de production.
Un Contenu Additionnel Peu Marquant
Les autres aspects du jeu, tels que le système de gouvernance, la religion ou les conseillers, n'apportent guère de réelles innovations. Leur rôle se résume essentiellement à empiler des bonus numériques, sans ouvrir de nouvelles perspectives stratégiques ou de nouvelles façons d'aborder les défis rencontrés.
Une Arborescence Technologique Familière
L'arbre technologique d'Ara, bien que divisé en trois actes de quatre âges chacun, suit un cheminement assez conventionnel, axé principalement sur l'Europe et ses colonies. Cependant, l'ère futuriste explore des thèmes intéressants liés à l'intelligence artificielle, au transhumanisme et à la cybernétique, plutôt que de se focaliser sur l'exploration spatiale comme c'est souvent le cas.
Une Expérience Globalement Positive, mais Inégale
Dans l'ensemble, "Ara: History Untold" offre une expérience de jeu globalement positive, mais qui n'exploite pas pleinement son potentiel. Ses visuels saisissants et son système économique ambitieux constituent des points forts indéniables, mais sont contrebalancés par des lacunes en termes de gestion, de diversité culturelle et de profondeur stratégique.
Pour les amateurs de stratégie au tour par tour, ce titre représente une option intéressante, mais qui nécessiterait quelques ajustements supplémentaires pour atteindre une véritable excellence sur tous les plans.
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